Le coeur du « gamer »

Soyons honnêtes, l’expression « joueur » n’englobe pas exactement toute la dimension de son homologue anglais. Je vais continuer de l’utiliser quand même mais en y apposant une deuxième partie qui vient supporter la première. Le « hardcore gamer » que je suis est en fait un « joueur invétéré ». Ça va jusque là? En fait, on peut dire que j’étais un joueur invétéré. Dans mes bonnes années, j’ai fait Metroid Prime en 8 heures à 100% de complétion. Et c’était hot! Je faisait des longues aventures et des nuits à pas dormir sans que mes parents le sachent. J’ai fait Ocarina of Time jusquà la fin trop de fois pour m’en rappeler. J’ai même fait Master Quest, la version exclusive retouchée aux donjons refaits et plus difficiles. En plus, j’avais le temps de niaiser sur mon cheval, de jouer de l’ocarina pour le plaisir (oui, il existe des trucs pour faire toutes les notes et jouer des vrais morceaux pour ceux qui savaient pas), de me perdre, de chercher des choses partout, de regarder le ciel pour rien toute l’après-midi. Je jouais à Turok 2, jeu qui nous avait pris un an ou deux parce que moi et ma belle-mère on était trop incompétents encore (et le controller pak effaçait tout seul des fois). Après quoi on a décidé qu’on faisait tous les Tomb Raider, qui se faisaient de plus en plus vite avec l’expérience qu’on gagnait. Je suis fier de dire que je n’ai jamais fait FFVII parce que je déclare que c’est peut-être un bon jeu mais «moi j’aime pas ça» (commentaire tout à fait gratuit en passant, je n’ai jamais pris la peine de voir si j’aimerais ça). Bref j’avais une vie bien remplie!

Dans Turok 2 parfois on perce des têtes de cyborgs dinosaures avec des perceuses à têtes chercheuses (de têtes!)

Évidemment, avec les devoirs et une blonde et du voyagement en voiture et des obligations et un travail et internet (là où tout le monde perd un temps infini (je ne suis pas en train de perdre mon temps en écrivant ça)), j’avais de moins en moins de temps et malgré que j’avais acheté ma Wii, je la négligeais doucement de plus en plus. Pour conserver mon âme de joueur invétéré (plogue de terme!), il a fallu que je me tourne vers des gens qui avaient compris que, parfois, on a pas le temps et qu’on aimerait bien avoir une expérience plus poussée qu’une partie de Tetris (au niveau scénario au moins). C’est comme ça que j’ai glissé vers les jeux courts et géniaux des développeurs indépendants. Bref depuis un an ou deux (peut-être depuis Twilight Princess), je n’avais joué qu’à des jeux relativement courts, quoique marquants. Je pense cependant qu’une partie de moi s’ennuyait profondément.

Le goût du nouveau et des jeux pleins de surprise m’avait fait refoulé la partie 80-heures-de-jeu-peu-de-sommeil-gobe-temps-et-énergie de mon coeur de joueur. Depuis un bout de temps, si je jouais à un jeu moindrement long, je le faisait comme un travail. Ne pouvant me permettre de longues sessions, je prenais une heure ou 2 tout au plus, à suivre les points sur la carte, en regardant le paysage rapidement sans rien y voir d’intéressant. Je crois que j’ai brisé mon expérience avec Twilight Princess en jouant de la sorte. Il m’a d’ailleurs fallu près d’un an pour le terminer parce que j’avais entré en hiatus de 6 mois avec le dernier donjon à cause d’une énigme stupide et la déception pesante que le jeu m’avait laissé. Tout compte fait, un jeu de Zelda reste assez prévisible, tout comme l’avait été Metroid Prime 2 et comme l’ont été les derniers Tomb Raider (si les premiers ne sont pas excellents, ils brillent au dessus des derniers opus qui ont définitivement perdu l’essence de la série et ont complètement épuisé leur originalité). En même temps, la saga Turok subissait le même sort avec Turok Evolution qui s’éloignait de l’esprit initial pour, semble-t-il, ne jamais redevenir ce qu’elle a pu être.

En tous cas, dans Metroid Prime 2 Echoes, on a eu la très créative idée de faire en sorte qu’il y aie un monde parallèle semblable au monde réel mais DARK! Dommage que 2 jeux de zelda n’y aient pas pensé …

Il semblerait que j’avais perdu mes points de repère. Dans cet esprit, j’ai tout de même connu plein de bonnes choses durant ma dépression de jeux. En fait c’était plutôt positif comme expérience mais pour la première fois de ma vie, je me demandais si j’allais jouer toute ma vie ou si ça allait me passer. Plus récemment, j’ai repris goût aux choses et je crois que c’est à cause de No More Heroes et Super Mario Galaxy. Dans un premier temps, No More Heroes m’avait fourni une transition. Je pouvais me permettre de faire le jeu à mon rythme et j’ai eu un peu de temps supplémentaire. Bref, j’avais le droit de prendre un peu de temps pour remplir quelques objectifs, mais après quelques sessions, le rythme du jeu m’a entraîner à en redemander et à faire plusieurs chapitres d’affilée. C’est d’ailleurs sa ressemblance avec de très vieux jeux qui contenaient une quantité poussée de petits détails cachés par les programmeurs ou les concepteurs dans tous les éléments du jeu, que ce soit la conduite de la moto ou le système de combat, qui m’a refait passer par mon enfance. SMG est un jeu plus léger (même s’il est assez long) qui m’a lui aussi permit de renouer avec ce que j’aimais du temps d’Ocarina of Time. D’abord, il est aussi divisé en sections courtes qui entrent bien dans mon horaire et qui me poussent à en redemander (ah encore une dernière étoile…). De plus, même si le scénario a plus ou moins de sens d’un point de vue terre à terre, l’histoire derrière Galaxy est beaucoup plus avancée que la majorité des jeux d’aventure à plateformes, même les plus récents. Le jeu sait demeurer intéressant et je ne suis pas obligé d’arrêter pour regarder le paysage puisqu’on me catapulte régulièrement dans l’espace pour me fournir l’occasion de l’admirer (et honnêtement, c’est plus une chance qu’on m’offre plutôt qu’une obligation).

E-rgardez ça ‘es enfants… Un paysage!

J’avais donc partiellement renoué avec mes origines et refait ma progression de joueur à travers des jeux plus récents. Tout ça explique que j’étais devenu soudainement plus réceptif. J’ai d’ailleurs recommencé Twilight Princess et, cette fois là, je l’ai dégusté. J’ai fait tout ce que je voulais. J’ai pêché, j’ai traversé la « cave of ordeals », je me suis même permis de financer le magasin qui vend la fameuse armure magique et je l’ai achétée. Cette fois, j’avais pris en note dans ma tête des endroits où j’avais vu des détails louches et j’y suis repassé pour trouver des fragments de coeur. J’ai aussi choisi la version Gamecube, pour varier l’expérience et tester le jeu à l’endroit (la version Wii est renversée pour que Link soit droitier, ce qui a pour effet de mettre tout comme dans un miroir, y compris le monde et sa carte en tant que tel). Malgré tout, ce jeu là est loin d’être aussi long et déplaisant qu’il m’avait parfois paru la première fois, mais je dois admettre que le mal était déjà fait. Moi et Twilight Princess sommes désormais irréconciliables. J’ai arrêté respectueusement juste avant le dernier donjon. On a vécu de bons moments mais la relation est probablement impossible et j’ai préféré laisser la fin du jeu hors de portée. On s’est fait trop de mal mutuellement.

Poisson: « Écoute, tu le sais que ça marchera jamais nous deux… »

Tout ça m’a d’ailleurs rappelé des souvenirs. Metroid Prime est un jeu excellent. Il est bâtit essentiellement sur les fondations de la série laissées par Gunpei Yokoi. Il reprend presque tout son contenu (musique, armes, faune) des autres jeux Metroid et transfert le tout en 3D. Il a même su créer un univers vibrant dans lequel on peut se renseigner sur tout l’équilibre des écosystèmes et l’histoire fondamentale du jeu sans y être nécessairement obligés. Malgré tout il n’est pas nécessairement le meilleur jeu de l’univers ou mon préféré. Mais il occupe une place que d’autres n’occuperons jamais. Dans le temps, je jouais souvent 3 ou 4 heures sans arrêter. Je voulais connaître chaque plante et chaque animal. Je voulais tout lire. Le matin, je me levais tôt pour avoir une heure et parfois deux pour pouvoir jouer avant de prendre l’autobus pour l’école. Et évidemment je me retrouvais à courir comme un fou pour trouver une station de sauvegarde afin de jouer le plus possible en 2 heures sans rater l’autobus. Le sentiment à l’intérieur quand je jouais à ça est exactement le même que j’avais en faisant n’importe lequel de ces jeux d’aventure longs et pleins de contenu et de paysages, mais c’est avec celui là qu’il était le plus pur je crois.

Hier, c’est revenu.

Je suis un joueur invétéré et un fanboy de Nintendo. Soyons honnête.
Voici une chose que je pense souvent et que bien des gens ne réalisent pas. Il faut faire la différence entre ce qui est bon et ce que vous aimez vraiment. Sûrement, FFVII est bon. Et probablement que Godzilla Unleashed est un jeu bourré de faiblesses qui compte sur une franchise bien établie pour faire ses ventes. Mais moi je ne peux pas m’empêcher d’avoir un plaisir démentiel à lancer des édifices sur Mothra alors que je sais très bien que ça se contrôle comme un FPS sur PC avec des gants de boxe et que les textes des menus débordent hors des câdres. C’est pourquoi je ne vous offre pas d’opinion sur le jeu que j’ai pris hier. Je vous invite à vous en faire une, mais les faits sont les faits et ça me regarde entièrement.

J’ai mis Metroid Other M et je me suis assis confortablement sur le sofa du sous-sol. Après 2 heures, j’ai appelé ma blonde pour lui dire bonne nuit et qu’elle me manquait beaucoup (car j’étais loin dans l’espace), je suis allé me chercher un gros verre de Pepsi et un gros sac de popcorn rose et j’ai joué straight pipe jusqu’au Varia Suit, qui se situe autour de 1h30 du matin si tout va bien.

On recharge et vitesse lumière!