Il y a un bon moment que je tarde à publier un billet sur
DeathSpank, le jeu d'action comique produit par la compagnie Hothead Games en collaboration avec Ron Gilbert, l'un des artisans fondateurs de la série
Monkey Island. À la recherche d'un angle et d'une bonne raison de le faire, je peinais à rendre justice à un effort dont j'admire davantage l'intention et la simple existence que l'exécution finale. Cela dit, l'annonce de sa
mise en vente prochaine sur la plate-forme Steam m'a convaincu de lui régler son compte une fois pour toutes.
DeathSpank n'est pas un chef-d'oeuvre, ni même un jeu particulièrement excellent. L'humour constituant son principal argument de vente s'avère d'une inspiration inégale, son intrigue et ses personnages ne resteront pas gravés en mémoire, et son design souffre d'un manque d'équilibre faisant côtoyer des obstacles généralement risibles et des soudains pics de frustration. Pourtant, il s'en dégage un parfum d'insouciance qui en fait un spécimen indéniablement rafraîchissant dans le paysage actuel. En plus d'être coloré, fluide et remarquablement bien produit, c'est sa conscience affichée des codes ludiques qui le distingue des autres entrées dans un genre plutôt commun.
Je parle ici du "jeu de rôle d'action", ce genre à l'appellation étrange dont la série
Diablo cristallisa la forme. Évoquant le classique de Blizzard dans son angle de caméra et le rythme général de son action,
DeathSpank emprunte également sa formule de quêtes et de récompenses à
World of Warcraft, modèle aux facultés accrocheuses s'il en est. Nous sommes donc en présence d'une réplique fonctionnelle et assez peu imaginative que l'on n'aurait pas tort de considérer bassement opportuniste, si ce n'était du plaisir tout simple et du climat de dérision qui en émane à chaque seconde.

En effet,
DeathSpank ne permet aucune illusion quant à la nature de son héros titulaire. Celui-ci est une machine à faire le bien (du moins, celui qu'on lui instruit de considérer comme tel), à récolter des montagnes de billets de banque et d'équipements délirants, et s'avère en somme totalement dépourvu de conscience critique par rapport aux tâches qu'on lui assigne de toutes parts. Heureux imbécile d'une puissance complètement excessive, il est le canal à travers lequel les designers s'amusent avec leur construction, misant sur la capacité du joueur à se prêter au jeu avec un sourire et un clin d'oeil complice. Lorsque DeathSpank se voit contraint de quérir un suçon, un téléphone cellulaire et un poney pour une orpheline récalcitrante, un ensemble d'accessoires psychédéliques pour un arbre savant, ou encore du fumier de licorne pour un cultivateur en pleine crise maritale, il est effectivement difficile de prendre la quête soi-disant épique très au sérieux. L'ironie se poursuit jusque dans le menu de pause à travers les descriptions d'articles et d'objectifs, très nombreuses et plus cocasses les unes que les autres.